Je cultive le principe d’apparition en laissant émerger un univers imaginaire inspiré du monde végétal et animal, sur papier sans jamais le saturer. Depuis un geste instinctif, spontané, mon inspiration prend racine dans l’observation des forêts, des nuages, dans l’écoute des partitions des rivières, et lors de rencontres oniriques. Je peins les habitants et les paysages des états de conscience modifiée que je traverse, les contrées de souvenirs conscients ou inconscients, une abstraction figurative qui porte parfois l’étrangeté du vivant. Liberté est offerte au spectateur de reconnaître ou de vagabonder au gré d’une émotion, d’une référence personnelle, d’une ouverture.

Ma démarche artistique explore la nature de notre connexion à l’invisible et interroge notre relation à ce que le langage veut nommer lorsque le regard reçoit formes et couleurs.

Une autre facette de mon travail exposé à la boutique Bō: Les KanapOk

A l’été 2024 débute ma collaboration avec l’artiste Corinne Chalmeau, autour d’un projet de Soft Sculpture, nous donnons naissance aux KanapOk : doudous de canapé, ludiques, tactiles et réconfortants. Les KanapOk investissent en solo ou en tribu les salons, les chambres avec une touche d’humour. Du dessin des formes à la réalisation des pièces en passant par le choix des tissu, chaque série est créée à 4 mains. 

Chez Valéa Djinn la source d’inspiration se trouve dans les végétaux glanés (ægagropile ou pelote de mer, hémérocalles, aiguilles pain, pattes de lapin d’arbre à laine ou Palo Borracho) au gré de ses déambulations en forêt, sur la plage.  Elles ajoutent à ses trouvailles des éléments textiles comme le tulle, les boutons ou le fil pour donner naissance à ses sculptures végétales. Chacune fait penser à des objets trouvés par hasard dans la nature comme des signes cabalistiques laissés par des personnages échappés des univers fantasmagoriques de Lewis Caroll.  Puis il y a le papier qui traduit parfaitement en dessin et en peinture ses petits mondes peuplés de créatures hybrides et d’habitacles pour les accueillir. Ces dessins sur papier sont presque la version en deux dimensions de cet univers étrange et bucolique. Les compositions sont délicates. Cette délicatesse provient autant de ce trait essentiel sur le papier que de l’assemblage minutieux de mousse, de lichen, de brindilles pour ces pièces végétales. Un vrai travail d’orfèvre, pour un résultat simple et une exécution subtile.  

Valéa Djinn accepte de laisser surgir des formes et des couleurs en se laissant griser par l’incertitude de ce qui advient. Des moments de création incertains parce que le papier est perméable à tout ce qu’il reçoit.

Edouard Dupressoir- Galerie Dupressoir Barcelona -Espagne