La photographie est d’abord une histoire d’odeurs, celles de notre passé. Pour moi cela a commencé avec celles de l’encre et du papier dont je m’imprégnais quand les samedis matin j’allais à l’imprimerie avec mon père, typographe. Il me laissait avec une petite presse, du papier, des matrices et de l’encre. J’étais alors heureux.

J’y posais mon papier blanc et quelques secondes plus tard se révélaient l’image, le texte, dans cet instant magique où je soulevais délicatement la feuille de deux doigts incertains. Geste que j’ai retrouvé des années plus tard dans la chambre noire. La photographie est le parfum de cette nostalgie, c’est aussi la rencontre avec la lumière et le noir, celui du labo, celui de l’émulsion touchée par la lumière. C’est enfin, puisqu’il faut bien saisir ces traces, la rencontre avec le temps, surtout. La grande interrogation, celle qui m’obsède.

Alors rêver, se mettre de côté, derrière, au-dessus…derrière l’objectif, au-dessus du papier, dans le hors-champ.

« Eric Bonnenfant expose ses photographies en tant qu’artiste-auteur. Son thème de prédilection est le temps. C’est par des chemins détournés qu’il le capte avec son objectif en utilisant des éléments comme la transparence, l’eau, les végétaux, les routes et chemins…, œuvres allant parfois jusqu’à l’abstraction. Ses techniques photographiques sont

l’argentique qu’il retravaille quelquefois à l’encre, au thé ou par grattage ainsi que le numérique. Il explore également les bleus du cyanotype. »

Arlette Maréchal Perez, Ile Art Malans.